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Homélie de la réunion du 6 février
Chers tous,
La réunion du 6 février a connu un grand succès, rassemblant 200 anciens élèves des promotions 1985, 2005 et 2020 .
Je me permets de vous transférer la très belle homélie du Père Langue sj, conseiller spirituel de l'association, prononcée à cette occasion.
Bien amicalement,
Pierre-Céols
Homélie
pour la messe des anciens élèves (alumni)
des promotions 1985 (40 ans), 2005 (20 ans), 2020 (cinq ans)
de Franklin - Saint-Louis de Gonzague.
Beaucoup de nos contemporains ressentent un besoin de sens dans leur vie professionnelle qui occupe de fait une place importante dans leur existence. Assurément, c’est le cas d’une grande majorité des jeunes promotions qui rentrent aujourd’hui ou rentreront demain dans la vie active. C’est le désir aussi, d’une minorité sans doute, de la génération des quarantenaires. Quant à ceux qui s‘approchent de la retraite, beaucoup seraient attristés s’ils n’avaient pas un sentiment d’utilité, qui contribue au sens.
Sans doute y a-t-il des professions, des secteurs d’activité, des états de vie qui intègrent un sens éminent : il en est ainsi des métiers qui œuvrent au maintien en santé de la planète, de la médecine qui soigne le corps humain ou de la science vétérinaire qui donne des soins aux animaux. Appartiennent aussi à cette catégorie riche de sens, la vie religieuse, celle des jésuites en particulier, la prêtrise qui prennent soin des âmes des êtres en leur profondeur, ainsi que l’enseignement qui développe l’esprit, la culture. Encore que bien des médecins, il est vrai, des enseignants et même quelques prêtres se plaignent aujourd’hui de la perte de sens de leur vie professionnelle. Par ailleurs, une société ne peut pas être composée que de médecins, de prêtres, d’enseignants, et de spécialistes es-planète. Je crois qu’heureusement l’Evangile de ce jour éclaire de manière forte la question du sens de notre action. Je voudrais m’y arrêter quelques instants avec vous.
« Jésus appela les douze et il commença à les envoyer en mission deux par deux ». Pour un chrétien, pour un baptisé la source première d’où sourd le sens d’une activité professionnelle est dans le fait de la considérer, de l’honorer comme une mission reçue du Seigneur Jésus, de notre Dieu. Or une mission on ne se la donne pas à soi-même, on ne se l’approprie pas, on la reçoit. Il faut être envoyé.
Quel que soit le secteur où l’on s’investit (à condition qu’il n’avilisse pas la personne ou ne soit pas fondamentalement destructeur) il est- possible de se découvrir envoyé sous la condition d’être habité par le désir de servir, par le goût du bien commun, par l’amour de la vérité, par cette liberté qui donne le courage de promouvoir ce qui est juste. Il est possible de se découvrir envoyé si, comme le dit l’Evangile, le professionnel a la volonté d’être « pur comme la colombe » et quand il le faut « intelligent comme le serpent », car selon le Seigneur Jésus pureté du cœur et intelligence des situations ne sont pas antithétiques.
La caractéristique d’une mission est bien que chacun doit en rendre compte à celui qui l’a envoyé. Rendre compte n’est pas une activité désagréable. A une époque, j’avais l’impression de beaucoup travailler et de ne pas faire grand-chose. J’ai décidé de reporter à moi-même et aussi évidemment à Dieu, puisque j’ai la chance de l’avoir pour boss, si je puis dire. Le soir, je notais ce que j’avais fait dans la journée et, bien souvent, je m’émerveillais, j’en avais fait plus que j’imaginais et bien des rencontres des actions étaient riche de goût, de sens, espoir de fécondité, occasion de rendre grâce. Dans l’Evangile la notion de fécondité est essentielle, porter du fruit. Dans la parabole des talents les deux premiers intervenants font connaître au maître la belle fructification de ce qui leur avait été confié, ils reçoivent de remarquables félicitations, des encouragements, de nouvelles missions plus amples. « C’est bien, bon et fidèle serviteur en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup, je t’établirai, entre dans la joie de ton Seigneur ».
Si votre activité n’est pas celle d’un boutiquier qui possède son job, mais que vous acceptiez de la recevoir du Seigneur comme une mission, il est heureux de prendre quelques instants, chaque soir d’une journée ouvrable, pour en rendre compte à Dieu, dans une courte prière, revoyant lieux fréquentés, les personnes rencontrées, les décisions prises… pour se réjouir avec le Seigneur, de ce qui a été fructueux, fécond, vivant, de ce qui a avancé, des encouragements prodigués, des conseils donnés, des suggestions faites, des félicitations exprimées, des initiatives riches d’espérance décidées ; autant de raisons de rendre grâce, reconnues du fait de la distance prise et de la présence du Seigneur, ce cour moment de prière permet aussi d’ajuster la vision, d’apporter un correctif, de redresser la barre quelquefois, puis d’envisager les activités du lendemain pour qu’elles soient vécues éclairées par l’Evangile, qu’elles ne soient pas sans relation avec la volonté de Dieu, mieux discernées.
Il n’est pas de secteur où le sens ne puisse pas jaillir, que l’Evangile ne puisse pas féconder, je coache, j’accompagne un entrepreneur de la finance qui a créé sa société, je lui propose d’éclairer par l’esprit de l’Evangile ses décisions, l’esprit de l’Evangile est fondamentalement sagesse, discernement, prudence et esprit d’audace, incitation à l’association qui a pour conte-partie fidélisation… Ainsi, parce que le chrétien n’est pas seulement au service d’une entreprise, aux ordres d’un conseil d’administration, mais au service de Dieu, du bien commun, de personnes, un surcroît de sens peut être donné à son travail professionnel.
Je ne suis pas naïf au point de croire qu’il n’y a pas de tensions entre cette perspective et la réalité du quotidien, entre l’esprit de l’Evangile et la logique des affaires, mais le Christ lui-même a anticipé cette objection en donnant l’orientation que j’ai citée « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups, soyez purs comme la colombe et intelligents comme le serpent ».
Et puis, il faut observer que le Seigneur n’envoie aucun de ses disciples seuls. La raison en est sans doute qu’en droit, au temps de Jésus, le témoignage d’un seul ne valait rien, le témoignage identique de deux personnes, lui, avait force. Ce serait une caractéristique de l’action chrétienne qu’il faudrait creuser. J’observe seulement que la nature de la mission est ainsi précisée, il ne nous est pas demandé de sauver le monde, mais de donner un témoignage celui certes de votre droiture, de la qualité de votre jugement, de la finesse de vos discernements, de la sagesse de vos conseils, de la prudence de vos avis, de l’audace de vos propositions, mais au-delà le témoignage que vous êtes appelés à donner à travers vos missions est bien celui de l’amour du prochain. Dans ces conditions, c’est bien du Christ que vous êtes appelés à être les témoins, et non pas d’abord de vous-mêmes, reconnaissez qu’ainsi le sens est profond et fort. Amen
Homélie rédigée à Versailles, les 4-6 février 2025
pour la messe célébrée le jeudi 6 février
à Saint-Louis de Gonzague (Franklin)
le jeudi 6 février à 18h45.
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